jeudi 9 avril 2015

Qui mieux que Soi sait ce qui est bon pour Soi ? et L'autonomisation de l'Enfant

Rocher de Roquebrune
Qui mieux que Soi sait ce qui est bon pour son Corps ?
Qui mieux que Soi sait ce qui est bon pour son Cœur ?
Qui mieux que Soi sait ce qui est bon pour son Esprit ?

Mais qui est donc ce Soi ?
Celui qui préside le Corps, le Cœur et l'Esprit...du Moi !






Alors si le Moi n'aime pas s'entendre dire ce qu'il a à faire,
Il est temps d'écouter le Soi
Tout au fond de Soi et au-delà de Soi
Lové dans les profondeurs de l’être.

Il se révèle dans
La détente du Corps,
La paix du Cœur et
La sérénité de l'Esprit

Mais où est donc cet Esprit qui sommeille en Soi ?

L’esprit comme musicien et guide intérieur - Extrait de "L'esprit de Famille, une invitation à méditer..."

Sans esprit, il est difficile de concevoir que le corps s’anime et que le cœur batte. La roue rythmique est insufflée par la volonté de chacun d’y participer. Dimension impalpable, c’est le subconscient de Freud, le Moi Supérieur, le Soi, le « guide intérieur », le double[1], l’Atma, etc. bref ce quelque chose en soi ou quelqu’un qui semble insuffler l’acte et la parole. A chacun sa manière de l’exprimer en fonction de son niveau de conscience, mais lorsque certains n’arrivent pas expliquer la raison de leur action, ils vont dire : « Quelque chose me dit… », « Mon petit doigt m’a dit… », etc. 




L’intuition est taboue alors même qu’elle guide secrètement nos choix les plus judicieux. Doux mélange de raison et d’imagination, elle sait sortir la personne de n’importe quelle situation difficile en apportant une solution créative, unique et parfaitement adaptée au contexte. C’est la solution qui émerge facilement (sans effort), rapidement (utile en situation d’urgence) et logiquement non sans rappeler le phénomène Eurékâ, l’idée de génie. C’est une solution cohérente et pleine de bon sens qui intègre l’intérêt de tous ceux qui sont concernés, sans exception, orientant spontanément l’issue vers le sens commun.

Le bon sens devient le sens commun.

L’esprit se montre vif et constructif. Cette capacité à écouter cette voix intérieure est facilitée par le niveau de réceptivité que développent les exercices de méditation permettant d’envisager une solution favorable à toute difficulté. Il peut s’agir d’ancrer la croyance de concrétiser n’importe quel projet qui nous tient à cœur. Nous forçons ainsi notre voix intérieure à se manifester dans un but positif en contrecarrant tout ce qui retient cet élan comme les pensées négatives (« Je ne serai jamais une bonne mère », « Je ne me sens pas un père disponible », « Mon enfant souffre et je ne sais pas quoi faire », etc.) et en libérant notre esprit constructif.

Il est tout aussi utile d’écouter cette voie silencieuse que celle qui nous vient de l’extérieur, comme celle de son enfant. Par exemple, avant même que ce dernier n’exprime sa demande, la jeune mère « entend » son signal d’appel. Elle peut ainsi se réveiller dans la nuit avant que le bébé ne pleure pour être nourri par exemple. Plus tard, l’enfant peut lui parler de quelque chose alors qu’elle vient juste d’avoir l’idée en tête. L’échange entre la mère et l’enfant est très télépathique pour celles qui ont l’esprit ouvert[2]. Encore taboue dans notre société occidentale, tout comme le corps et l’amour, la transmission de pensée est une qualité de base chez les maîtres spirituels à travers le monde. Deux esprits ouverts l’un à l’autre en font l’expérience au quotidien comme la mère et l’enfant dans leur relation primaire ou encore comme un couple amoureux. Un échange de regard peut en dire long. Cet échange est un mouvement rapide comme l’éclair, voire plus rapide que la vitesse de la lumière, donnant accès à la dimension vibratoire de la vie où les informations se transmettent autrement, au-delà des mots. Le règne de la complicité, de l’unisson !

Pour la mère préoccupée par exemple qui a des difficultés à ouvrir ce canal de communication, les exercices de méditation l’aident à développer cette qualité. En cultivant le silence en elle, elle s’aperçoit qu’elle est beaucoup plus réceptive au message et qu’elle est moins « parasitée » par ses émotions et notamment sa peur. En pacifiant ses émotions comme nous l’avons vu dans la dimension émotionnelle, la mère n’a plus peur de vivre demain ce qui l’a faite souffrir hier. Elle devient vierge d’esprit : son esprit s’ouvre et peut recevoir. C’est l’histoire du maître Zen qui remplit la tasse de son disciple jusqu’à ce qu’elle déborde pour lui enseigner la voie du silence : si la tasse est pleine, elle ne peut plus rien contenir. De même, si notre esprit est rempli de pensées – comme la mère préoccupée par exemple – il lui est impossible d’écouter et de recevoir. Par contre, dès que son esprit se vide et s’ouvre, la mère devient le réceptacle, la matrice, la terre d’accueil d’un nouvel esprit, celui de l’enfant qui s’incarne alors librement car il n’y a plus d’attente, ni de projection envers lui[3]. Il en est de même pour le père au fur et à mesure que l’enfant grandit et s’éloigne des besoins primaires qui « l’attachent » à la mère. 

Par une attention de soi dans les gestes du quotidien, le parent médite sur son corps au repos et en mouvement. Il prend conscience qu’il n’est pas nécessaire d’être immobile pour être conscient mais bien au contraire, que tous les gestes simples comme de se tenir assis, de se lever et de marcher peuvent se vivre en pleine conscience forçant ainsi le silence et l’écoute. Tout cela dans un rythme extrêmement lent qu’impose la concentration. D’un autre côté, il apprend qu’en portant son attention un long moment sur un seul mot tel que « énergie », « nature » et « vie » il peut recevoir un flot d’images ou une scène riche de détails qui lui procure une connaissance et une compréhension nouvelle. La simple évocation d’un mot/image en état méditatif ouvre la conscience instantanément. Les parents qui pratiquent ces exercices sont plus à même d’agir en conscience dans la lenteur de leurs gestes et paroles du quotidien, accordant ainsi une présence d’esprit bien plus grande à leur enfant. Ils apprennent à mieux observer leur attitude parentale tout en étant plus à l’écoute de l’expression de leur enfant ce qui leur permet de s’ajuster mutuellement pour favoriser sa croissance et harmoniser la relation lorsque c’est nécessaire. Cela est d’autant plus important que chaque enfant se développe à son propre rythme et sous l’influence du regard des parents et notamment de la mère au tout début de la vie. « Les potentialités inhérentes au nourrisson se développent plus rapidement ou sont retardées selon que la mère les stimule ou non » (Anna Freud, 1965). « La maîtrise de la pensée permet ainsi aux parents de créer le meilleur potentiel chez l’enfant tout en développant leur propre sens de la responsabilité parentale » (Sa Sainteté le Dalaï-Lama, 1995)[4].


[1] Garnier Malet J.P. et L. (2007). Le double…comment ça marche ?. Le temps présent, Agnières. « La théorie scientifique concernant le dédoublement de l’espace et du temps permet d’affirmer que nous avons tous un double. Imperceptible mais pourtant réel, cet autre nous-même peut nous guider à chaque instant, pourvu que l’on sache établir avec lui une relation constructive ».
[2] Les femmes Inuits sont considérées comme bonne mère lorsqu’en portant leur enfant sur le dos sans couche, elles sont capables d’anticiper le besoin de ce dernier de soulager sa vessie.
[3] Freud A. (1965). Le Normal et le Pathologique chez l’enfant. Gallimard, Paris. Le risque des attentes et des projections de la mère est clairement exprimé par A. Freud : « Il y a des parents dont l’attachement à l’enfant tient au fait que celui-ci représente à leurs yeux, soit un idéal d’eux-mêmes, soit une image de leur propre passé. Pour conserver l’amour des parents dans ces conditions, l’enfant façonne sa personnalité selon un modèle qui ne correspond pas à sa propre nature et qui entre en conflit avec ses possibilités naturelles ou qui les néglige ».
[4] Sa Sainteté le Dalaï-Lama (1995). La puissance de la compassion. Presse de la Renaissance, Québec.

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